UN SAUVETAGE

Nous avons rendez-vous à IRUN chez un transporteur pour récupérer des chiens qui viennent d’Andalousie.

diaporama des chiots tels qu'ils nous ont été présentés

Diaporama des chiots - présentés 04-2009

Ces pauvres chiens martyrisés arrivent enfin ! Nous les attendions depuis le mois d’avril ; par manque de places, par obligations du calendrier de vaccination, par la disponibilité du transporteur et des bénévoles, ils n’arrivent qu’aujourd’hui samedi 6 juin.

Cette fois-ci ce sont quelques chiens adultes et 7 chiots qui viennent d’un refuge du sud de l’Espagne. Je me contente de l’histoire des chiots que Brigitte et moi devons prendre en charge, les autres bénévoles s’occupent des chiens adultes.

Il est un peu plus de 7h30, nous partons de la maison pour la frontière. Je me gare devant l’entrée du transporteur, il est déjà plus de 9h, les cages sont là, toutes alignées contre un mur, il faut d’abord régler les papiers avant d’ouvrir ces cages, dans l’enceinte du transporteur les photos sont interdites. Nous leur attribuons un collier et une laisse à chacun pour les sortir un à un, ils sont tous répartis aux bénévoles présents.

Nous sommes toutes choquées par l’état des chiots. Ils ont 3 mois et sont si maigres qu’on leur voit tous les os sous leur peau fine. Ils sont si faibles que quelques uns n’ont pas la force de se lever pour sortir des cages, il a fallu que Brigitte aille les chercher au fond de leur cage immonde ou ces chiots sont couchés dans leurs excréments. Ils n’ont ni eau, ni nourriture, à bout de forces, ils sont dans ces cages depuis la veille à 13h, c’est trop pour des chiots. J’ai amené de l’eau, ils boivent tous un peu, ils sont contents de sortir de cet endroit, les chiots encore vaillants nous font des joies, les autres s’assoient et attendent.

Pendant ce temps, j’arrange la voiture, j’ai une bâche pour protéger l’intérieur. Nous installons tous les petits sur une couverture, au début nous les avons attachés mais ils s’emmêlaient les laissent alors pour plus de confort nous les avons laissés libres d’aller et venir derrière. Brigitte et moi, nous sommes prêtes à repartir, comme nous avons 1h30 de route on ne tarde pas à prendre le départ. Nous faisons une étape à mon domicile, le temps de se restaurer un peu. Je rentre la voiture dans la cour pour pouvoir fermer le portail et nous laissons les petits courir dans le jardin. Il n’y en a que 6 de sortis de la voiture. Un petit reste couché au fond, il ne bouge pas, que ce passe-t-il ? Le pauvre petit, il respire encore mais si faible qu’il n’a plus de forces. Je le prends dans mes bras pour le sortir de la voiture, il respire doucement, à peine. Il ouvre les yeux, boit un peu, mange aussi et arrive doucement à faire quelques pas dehors. Il nous a fait peur ce petit !

Ils ne cessent de faire des selles liquides avec du sang. Cela nous inquiètes, heureusement que nous avons rendez-vous chez mon vétérinaire à 14h. D’ailleurs, il faut que l’on se dépêche de manger, il va être l’heure. Nous mangeons un peu, un gros nœud à l’estomac, la nourriture descend mal. Nous avons gros sur le cœur de les voir dans cet état là. A plusieurs reprises, Brigitte et moi sentons les larmes venir mais par pudeur on se retient, ce n’est pas le moment de se laisser-aller.

Nous rassemblons tout le monde dans la voiture, un petit a très peur, Brigitte a eu du mal à le récupérer mas avec toute la patience et la douceur d’une femme, il ne lui a fallu que quelques minutes pour l’avoir dans les bras. Ca y est, on peut partir. Le vétérinaire nous attend, il n’y a personne dans la salle d’attente. L’assistante et lui-même nous aide à transporter les chiots dans une salle de consultation. Il ausculte un à un les petits. A 3 mois les femelles devraient peser 10 à 11 kg et les mâles 11 à 12 kg, ils ne pèsent que de 6,2 à 7,9kgs. C’est trop peu, il leur manque presque 50% de leur masse musculaire. Vont-ils s’en sortir ? Pour le véto c’est possible, reste à savoir comment ils vont réagir au traitement. Et il rajoute, 10 jours de plus vous n’auriez pas eu la moitié de vivants et ceux qui auront survécu.... dans quel état. On ne peut pas encore se prononcer sur les séquelles. Ils ont des diarrhées de gastroentérite avec du sang, pas de galle (que l’on a souvent dans de mauvaises conditions d’hygiène), il leur donne des compléments alimentaires, un antibiotique pour l’infection intestinale, ......

Nous ressortons de la clinique vétérinaire vers 15h30, nous sommes écœurées, révoltées de leur état. Une halte chez moi pour prendre mes affaires et direction le Tarn, 4h de route plus les pauses. En chemin, nous discutons de leur état, et s’ils avaient été sauvés plus tôt, et s’ils avaient .... On refaisait le monde. Après Toulouse, une pause car les petits commencent à bouger et ils inondent la voiture de leurs excréments. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, et ... il en manque un, encore le plus petit, couché sur le flanc il ne bouge plus. Brigitte va le chercher, elle redescend de la voiture il est dans ses bras, il ne bouge toujours pas et, .... Mon dieu !! Il laisse sa tête tomber sur le côté !!! Les yeux clos, il respire à peine, mais il respire encore. Brigitte le stimule un peu, ouf il ouvre les yeux, pauvre petit il est à bout de forces. On le fait marcher un peu avec ses frères et sœurs, ils ne sont pas bien grands et déjà tant de souffrances, leurs hanches sont creuses, on y fait le tour, le pouce et l’index se touchent avec le plus petit, ces quelques centimètres forment son tour de ventre. Ils n’ont que la peau et les os.

Tout ce petit monde s’est dégourdi un peu, hop en voiture !!! Encore 2h de route nous attendent. Pendant le trajet les chiots se sont vidés les intestins et leur vessie. La voiture était bien protégée, il n’y aura pas trop à nettoyer. Mas ce sont des diarrhées incessantes qui leur font mal au ventre.

Nous arrivons chez Brigitte, il est déjà 20h, nous sommes fatiguées mais ce n’est pas fini. On sort les chiots, comme d’habitude le plus petit à du mal à venir. Je l’aide à sortir pendant que Brigitte prépare l’arrivée à la maison. Encore des diarrhées à tour de rôle, le mari de Brigitte est là, avec son fils, ils nous aident à les dégourdir un peu.

Il commence à faire frais pour eux, ils sont petits, on les rentre pas la peine de leur faire attraper froid ils souffrent assez comme ça. Ils font diarrhées sur diarrhées et urinent aux quatre coins de la pièce que Brigitte leur à réservé. Journaux, essuie-tout, lingettes, ... tout est bon pour ramasser, et ici, et là, encore là-bas, ils n’arrêtent pas. Il faut leur donner les médicaments. Heureusement que l’on sait y faire toutes les deux parce que les chiots bougent tout le temps et leur donner dans la gueule c’est du sport, et il faut surtout se souvenir qui a eu sa dose et qui ne l’a pas eu !!!

Ils sont si sales que nous leur donnons un bain, un par un dans la baignoire, çà leur fait du bien. Les plus gaillards bougent dans tous les sens, les plus faibles tremblent de peur, de froid malgré le chauffage que Brigitte leur a mis. Un gros câlin dans la serviette et çà va mieux. Et de nouveau il faut nettoyer par terre, encore une là, et une autre là-bas.

22h, la soirée avance et on n’a toujours pas eu le temps de se poser un peu, à peine le temps de boire un verre d’eau et de passer aux toilettes aussi. Brigitte répartit une dose de croquettes dans 7 petites gamelles, ils se jettent dessus, ils ont faim et boivent beaucoup.

23h, le mari de Brigitte se demande quand on pourra manger, leur fils à mangé tout seul dans la cuisine et nous, nous ramassons encore les cacas et pipis, il n’y a plus de journaux, presque plus de lingettes, il reste de l’essuie-tout.

Minuit, çà y est, les chiots se sont couchés on va pouvoir penser à nous et manger. Pendant que son mari prépare le repas, Brigitte passe la serpillère pour rafraichir l’atmosphère, je range les affaires. Les petits ont sentis la viande, à peine les plats sur la table qu’ils arrivent tous, ils attrapent notre pain, essayent de voler dans nos assiettes ou sur la table. Tant bien que mal, on arrive à grignoter des petites choses pour se caller l’estomac, hop !!! Mon pain la voleuse !!! Elle a du mal à le mâcher, je prend le bout qui dépasse pour l’aider, elle a eu si peur que je le lui prenne que ses petites dents m’ont traversées le doigt. Un pansement et c’est fini. Des véritables aiguilles sur pattes !! Ils viennent de manger et ils ont encore faim. En protégeant notre nourriture, on arrive à manger entre deux ramassages de crottes pour ne pas qu’ils marchent dedans.

2h30, nous avons enfin fini le repas, tout rangé et nous partons au lit. Lilou, l’afghan vient dormir avec moi.

Le lendemain, je me lève vers 7h, j’entends Brigitte et son mari déjà debout, ils ont commencé à ramasser les crottes de la nuit, enfin les diarrhées car ce n’est pas du tout des crottes qui se ramassent facilement, il faut laisser l’essuie-tout absorber le plus liquide pour essuyer le reste. Pas un des sept chiots a des selles consistantes, une véritable galère, on ramasse sans cesse pour éviter qu’ils marchent dedans.

Un petit déjeuné hachuré est avalé, toutes ces diarrhées nous inquiètent et coupent l’appétit. Il n’y a plus de lingettes et il y a urgence pour l’essuie-tout, son mari va faire les courses. C’est dimanche matin fête des mères et c’est mon anniversaire, et nous sommes là toutes les deux à ramasser, ramasser et encore ramasser. Je devais partir le matin, mais je ne peux pas, laisser Brigitte maintenant pour rejoindre ma famille qui m’attend. E je ramasse ces diarrhées, je partirais après manger, on mange de bonne heure et je pars. Enfin, c’est ce que je dis mais je passe la matinée avec Brigitte, nous observons l’attitude des chiots, et on ramasse encore. Découragées mais on ne peut pas arrêter, ils se lèvent à tour de rôle pour se vider les intestins.

Il est déjà 14h quand on passe à table, les chiots ont senti la nourriture (ils ont un bon flair !!!). C’est reparti à manger en protégeant son assiette et ses affaires.

Ce n’est pas possible, ils vont se retrouver tous les deux à mon départ pour gérer les chiots mal en point. J’ai du mal à me décider à partir mais ma famille m’attend, j’ai 4h de route il faut que je parte. Il va être 15h, je ne dois pas arriver trop tard j’avais promis à mes enfants de rentrer vite, je commence à angoisser, je n’ai pas envie de les laisser mais je ne peux rester. Il faudra les aider. Je leur dit « au revoir » mais c’est difficile. Je suis prise entre l’envie de rester pour les aider et le besoins de rentrer chez moi. Pourquoi c’est comme çà ? Ce n’est pas simple. Le bénévolat est comme çà, il y a un moment où on est pris entre l’envie de continuer et la nécessité de rentrer chez soi pour sa famille, une torture. J’ai du marcher comme un zombie pour aller jusqu’à la voiture. Je leur redis « au revoir » mais le cœur n’y est pas, c’est cruel. J’ai mal au ventre, je serre les dents, mais je dois partir. Je ne me retourne pas, je vais jusqu’à la voiture, je m’assois au volant et je les vois tous les deux à me faire des signes d’adieu. Je n’ai pas envie de partir, je mets le contact et démarre. J’avance doucement et passe devant eux qui me disent aussi au revoir. J’ai si mal au ventre que çà me donne des nausées.

Après quelques kilomètres, je m’arrête sur le bas côté, je fonds en larme, je craque. J’ai pleuré à chaudes larmes pendant un bon quart d’heure. Il faut que j’évacue tout ce stress, cette tension, cette angoisse. Je me sens mieux, je reprends la route, j’arrive chez moi il est déjà 19h30, juste le temps d’ouvrir mes cadeaux, un bisou à mes enfants avant qu’ils aillent se coucher. Epuisée je suis partie me coucher sans manger.

 diaporama du sauvetage du 06-06-2009

 Un sauvetage préparé par une association ne ressemble en rien à ce que vous venez de lire, un vrai "sauvetage" est un accueil d'animaux avec leurs papiers et vaccins en règle faits en Espagne par les refuges espagnols.

Les refuges espagnols reccueillent les animaux, les soignent, les vaccinent, et effectuent les documents nécessaires (passeport) pour passer la frontière. Les animaux qui le peuvent sont placés en espagne dans des familles d'accueil espagnoles pour connaître le comportement de l'animal et lui faire son éducation.
En France, l'association accueille les animaux en famille d'accueil, si l'animal n'a pas été placé en espagne pour connaître le comportement et lui faire son éducation. En aucun cas l'animal est donné en adoption à la famille adoptante à la frontière sans état sanitaire. Le transport se fait dans de bonnes conditions sanitaires et un animal malade ne prend pas la route.
Le placement en famille d'accueil préalable est important car il permet de pouvoir répondre à la demande d'une famille adoptante. Ex: un placement d'un animal jeune et vif dans une famille qui ne bouge pas, c'est un échec assuré par les bétises d'ennui de l'animal qui ne seront que mal vécues tant pour l'animal que pour la famille.
Vous souhaitez accueillir ou adopter, renseignez-vous sur les méthodes de l'association REELLES et n'acceptez pas un chien qui sort d'un coffre de voiture avec  des papiers non en règle.

Texte écrit par Françoise MARCHESINI (juin 2009)

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